" J’ai 44 ans et je suis atteint de mucoviscidose.

Le 4 février à 19h50 exactement, mon téléphone sonne, au bout du fil le coordinateur de mon centre de greffe qui m’annonce que mes nouveaux poumons sont disponibles et que je dois arriver.

Vous allez penser que je devais être comme un fou, pas du tout, je reste très calme. Tellement calme, que je prends même le temps de faire mon chèque de loyer. Je préviens ma compagne, qui se sèche les cheveux et qui pour le coup, elle, devient complètement stressée, ne sachant plus quoi faire.

Je passe 3 ou 5 coups de fils que j’avais prévu de donner, j’appelle le SAMU afin qu’il m’envoie une ambulance, ma compagne appelle une amie pour qu’elle vienne la chercher et m’accompagner. L’ambulance arrive, je suis pris en charge et on roule, sirènes hurlantes vers le centre de greffe. J’y retrouve ma mère et mon frère puis plus tard ma compagne.

Quand on vous appelle pour être greffé, on sait que l’organe est compatible, que les images de l’organe et les examens pratiqués sur le donneur ne montrent pas d’anomalies mais l’organe lui n’a pas encore été prélevé. Et il reste une possibilité que l’équipe de chirurgiens qui va aller prélever l’organe et qui va le voir, découvre une anomalie et préfère ne pas prendre le risque de le prélever pour le transplanter ensuite.

A environ minuit donc, il y a encore cette possibilité que l’on m’annonce que finalement je doive rentrer chez moi. Violent certes mais réel.

Il n’en sera rien, à 2h30 l’infirmier réanimateur me confirme que je rentre au bloc. Un dernier au revoir à mes proches, je les sens évidemment fébriles mais pas moi.

Je suis en pleine confiance, je ne sais pas pourquoi, je sais que ça va bien se passer et j’essaie de les rassurer. "